3 questions à Bénédicte Le Deley, préfiguratrice de l’agence d’accompagnement à la reconversion professionnelle des agents de l’État

Sa mission commence le 2 septembre, mais son nom est désormais connu depuis l’annonce du secrétaire d’État Olivier Dussopt lors de la Convention annuelle des PFRH, réunie à Bercy le jeudi 4 juillet. Bénédicte Le Deley, ancienne secrétaire générale de l'association nationale des DRH (ANDRH), va piloter cette mission d’envergure auprès de la DGAFP. Interview.
Quel est votre parcours et son apport pour cette mission ?
La mission de préfiguration de cette agence exige à la fois de l’expérience et de la créativité.
De l’expérience en ressources humaines, puisqu’il s’agit d’accompagner les dirigeants et les responsables RH et les différents réseaux existants, de renforcer la fonction RH dans sa dimension d’anticipation par rapport à la conduite du changement. Comme DRH du groupe Julhiet, puis comme secrétaire générale de l’Association nationale des DRH, j’ai pu développer une expertise reconnue en Gestion des ressources humaines, une bonne connaissance de la diversité des pratiques du secteur privé. J’ai pu également développer au sein de l’ANDRH la posture d’accompagnement et de valorisation de la fonction RH.
L’ANDRH est depuis sa création au cœur des échanges de pratiques en RH entre le secteur privé et le secteur public. L’évolution de la fonction publique et des organisations du secteur privé favorisent les échanges de bonnes pratiques entre les deux secteurs (et souvent aussi du secteur public vers le secteur privé, même si on en parle moins souvent !). Dans ce contexte, j’ai pu fréquemment collaborer avec la DGAFP, par exemple pour parangonner les pratiques. Ayant commencé ma carrière dans le réseau de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), je ne découvre pas la fonction publique !
Mon expérience professionnelle m’a aussi donné l’occasion de relever le défi de créations de postes ou de missions atypiques. Ma carrière a commencé en créant le poste de professeur de philosophie au Lycée français de Riyad en Arabie Saoudite, puis s’est poursuivie par la création de la fonction de DRH dans le groupe Julhiet, avant de rejoindre une structure associative nationale sans finalité lucrative composée de 70 groupes locaux en profonde transformation (digitalisation, refonte de la gouvernance et de l’équilibre financier par exemple).
Enfin je suis convaincue que l’expérience personnelle de la mobilité et de la reconversion professionnelle sont aussi un atout pour ne pas perdre de vue qu’il s’agit toujours in fine de décisions et de parcours d’hommes et de femmes dans toute leur complexité.
Qu’est-ce qui vous stimule dans ce nouveau challenge ?
Dans un contexte de transformation permanente de l’environnement social et économique, la transformation de la fonction publique est un enjeu crucial pour notre société. L’attention portée à l’anticipation et à l’accompagnement humain des transformations nécessaires est finalement la raison d’être de la fonction RH et c’est ce qui me passionne. À l’échelle de la fonction publique, le développement d’une logique interministérielle de mobilité et de reconversion est une mission importante pour les agents et un projet inédit. Pouvoir contribuer utilement à la réussite de ce projet, que l’État partage avec toutes les grandes organisations d’ailleurs, est passionnant. Il y a de quoi être stimulée par ce nouveau challenge !
Comment appréhendez-vous les mois à venir ?
L’agenda fixé par les ministres est très clair. La mission de préfiguration à horizon fin décembre 2019, avec un point d’étape en octobre, doit permettre d’expliciter le projet, son ambition et ses enjeux, pour définir les contours de la structure et ses modalités pratiques de fonctionnement. Il s’agira de réaliser en priorité un état des lieux et des pratiques des dispositifs, au plan collectif et individuel, en faveur de l’accompagnement des agents de l’État, avec l’expertise de la DGAFP et en associant étroitement les ministères, les préfets et tous les acteurs des territoires.
Le choix de l'ouverture et d'une vision transverse
"Nous sommes ravis d'accueillir Bénédicte Le Deley à la DGAFP, qui a déjà d'étroites collaborations avec l'ANDRH. Elle est une spécialiste et une praticienne RH aguerrie, comme bon nombre d'entre nous ici. Ce point commun est un atout, car nous partageons la même culture. En la recrutant sur cette mission à enjeux, nous faisons le choix de son expertise et de ses compétences qui ont fait leurs preuves par le passé. Nous faisons aussi le choix de l'ouverture, de sa connaissance de la fonction RH dans les entreprises, d'une vision résolument transverse, et cela nous sera très précieux. Les attentes sont fortes, dans un pas de temps resserré. Bénédicte Le Deley va donc poursuivre avec nous ce bel élan de transformation qui nous guide depuis deux ans."
Thierry Le Goff, directeur général de l'administration et de la fonction publique - DRH de l'État.