Une carrière exemplaire : témoignage de Walid Fouque (MAE) - 02/05/2011
Walid Fouque, diplomate au ministère des Affaires étrangères, interview pour Trajectoires (mars 2011)
Pouvez-vous décrire votre métier et vos missions ?
Sous, le terme générique de « diplomate », je suis actuellement en charge des questions de contre-terrorisme au Quai d'Orsay. Au jour le jour, il s'agit de promouvoir les positions françaises dans les instances internationales ainsi que dans nos relations bilatérales.
Quel est votre handicap ?
Sans entrer dans des détails superflus, je suis atteint d’une neuropathie, qui, au quotidien, requiert l'usage d'un fauteuil roulant. La conséquence la plus visible est une atrophie musculaire qui peut donner une impression de maladresse.
Vous faites une carrière exemplaire et occupez un poste prestigieux : - à votre avis, votre handicap a-t-il parfois été un frein ?
Pour filer la métaphore, je suis au contraire persuadé que le handicap peut jouer le rôle d'accélérateur.
Sur le plan scolaire, en me privant malheureusement d’activités sportives et en limitant mes loisirs, les difficultés physiques m’ont toutefois donné le temps de me consacrer aux études, probablement au-delà des efforts que j'aurais pu y consacrer.
Par ailleurs, il faut également y voir une expérience hors du commun pour apprendre à trouver des solutions à des problèmes multiples et complexes, ce que d'ailleurs mon métier exige quotidiennement.
Le handicap pousse, malgré soi, à l'ingéniosité.
Comment l'avez-vous géré ?
Depuis mon plus jeune âge, je me suis efforcé de considérer les difficultés physiques comme un « paramètre » et « un atout » :
Un paramètre parce qu’en gardant à l'esprit mon incapacité à effectuer certaines tâches, je m'évertue constamment à compenser par des activités que d'autres personnes seraient incapables de faire.
Un atout parce qu'il s'agit d'une expérience à valoriser.
Comment envisagez-vous votre carrière aujourd'hui ?
A l'image de l'ensemble de mes collègues, je m'efforce de servir mon pays de mon mieux. Quant à la carrière, elle évoluera au gré des opportunités.
Comment votre handicap est-il perçu par vos collègues et votre hiérarchie ?
Sur ce sujet, il me serait difficile de parler au nom de mes collègues ou de ma hiérarchie.
Néanmoins, à mon sens, dès lors que tous les aménagements ont été réalisés pour que je puisse effectuer mon travail dans les meilleures conditions, le handicap s’efface. Il n'a plus lieu d'être.
Cette situation idéale demande des efforts et une vigilance quotidiens, mais une fois atteinte j'ai le plaisir de faire un métier auquel j'aspire depuis de nombreuses années