Le ministère des armées : Des référents "mixité - égalité" dans l’armée
Autres pages | Publié le 12 décembre 2022 | Mis à jour le 12 janvier 2023
Le 9 janvier 2020, l’ancienne ministre des Armées Florence Parly lançait officiellement le réseau des référents "mixité-égalité", une mesure qui fait suite au plan mixité du 7 mars 2019 et à l’accord du 30 novembre 2018 relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. Explications et précisions de la contre-amirale Anne de Mazieux, haut-fonctionnaire à l’égalité des droits et directrice de projet "mixité" à la direction des ressources humaines du ministère des Armées.
Une démarche renforcée
"Il existait déjà des référents mixité au sein de l’armée de terre, mais il était nécessaire d’étendre la démarche à l’ensemble des armées, directions et services du ministère (unités, directions, régiments, lycées militaires, etc.) de métropole et d’outre-mer. Aujourd’hui, il y a environ 960 référents « mixité – égalité », répartis en binômes (un homme et une femme). L’objectif est d’arriver à 1200 référents d’ici la fin mars 2020."
Désormais au nombre de 1 100, ces référents sont devenus des acteurs incontournables de la politique égalité-mixité ministérielle.
Faciliter le "bien vivre ensemble"
"En 2014, nous avons créé la cellule Thémis qui a pour mission de lutter contre les situations de harcèlement, discrimination et violences à caractère sexuels ou sexistes. Mais il est également nécessaire de prévenir certains actes du quotidien qui ne relèvent pas de la cellule Thémis et qui peuvent porter atteinte à l’exemplarité et au "bien vivre ensemble". La mixité et l’égalité doivent continuer de faire l’objet d’un suivi attentif au sein des Armées, directions et services, notamment pour offrir à toutes les catégories de personnel l’assurance d’un juste déroulement des parcours professionnels."
Prévenir plutôt que sévir
"La mission du référent mixité-égalité s’impose dès lors que le bien-vivre ensemble est menacé : gestes déplacés, réflexions malveillantes, etc. Ces comportements peuvent se manifester par mégarde, inconscience ou maladresse, mais ils n'ont pas lieu d'être au sein du ministère. La meilleure manière de régler ces situations inadaptées ou ces atteintes à l’égalité est la médiation. Les binômes sont là, clairement identifiés, et, que l’on soit civil ou militaire, on peut les solliciter, si on s'estime témoin ou victime d'une situation qui porte atteinte à l’exemplarité."
Les référents "mixité-égalité"
"Les référents sollicités sont des civils ou des militaires expérimentés qui ont des parcours très divers pour tenir compte de la diversité du personnel qui compose le ministère. Il est également important que les référents soient constitués en binômes, car ainsi chacun peut apporter un éclairage complémentaire. Il n'y a pas de profil-type : les référents se portent volontaires pour une mission qui a du sens."
La formation des référents
"La formation délivrée lors du lancement du réseau le 9 janvier 2020 a permis de présenter la politique interministérielle en terme d'égalité, ainsi que les directives énoncées par la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019. Au cours de cette journée de présentation, les référents ont été confrontés à des cas pratiques, puis ont été invités à rejoindre leurs armées, directions ou services pour recevoir une formation spécifique. Ce type de journée sera organisé de manière régulière et pourra inclure des intervenants extérieurs au ministère. Et comme nous y invite la loi du 6 août 2019, nous travaillons à l’élaboration d'un nouveau plan égalité pour le personnel civil du ministère qui sera effectif d'ici le 31 décembre 2020."
L’égalité est la norme
"Aujourd’hui, tous les métiers sont ouverts aux femmes au sein du ministère. Elles y ont toute leur place et ce, tout au long de leur carrière. Le plan mixité lancé par la ministre le 7 mars 2019 a été construit selon trois objectifs simples : donner envie de s’engager dans les armées, donner l'envie d’y rester et montrer à tous, et en particulier aux femmes, qu’il est possible d’y évoluer, de monter en grade et d’accéder aux responsabilités les plus hautes. Les mesures qui ont été retenues concernent le recrutement, la gestion, mais aussi la mise en valeur de la mixité."
Plus de femmes dans l’armée
"La mixité et l'égalité sont des réalités vécues au quotidien au sein du ministère. Il faut le dire et le faire savoir ! Il arrive aussi que les femmes s’autocensurent, mais il est important de rappeler qu’elles ont toute leur place au sein des armées et peuvent y dérouler une carrière complète. Certes, les chiffres évoluent doucement, mais les femmes militaires sont présentes sur tous les théâtres d’opérations, et dans tous métiers : unités combattantes, à bord des sous-marins, en qualité de pilote de chasse, etc."
La parentalité prise en compte
"Grâce à la loi de transformation de la fonction publique, tous les militaires, bénéficiant d’un congé parental conservent désormais l’intégralité de leurs droits à avancement, dans la limite d’une durée de cinq ans pour l’ensemble de leur carrière. Il s’agit d’accorder également plus de souplesse aux parcours et nous veillons à ce que les femmes, mais aussi les hommes, puissent concilier plus aisément vie de famille et carrière militaire."
Focus sur Hugues Helie, Référent "Mixité-égalité" : "Je veille à ce que les grands principes de la mixité et de l’égalité soient respectés dans ma zone"
Le lieutenant-colonel Hugues Helie, chef de bureau à l’état-major de la zone de défense et de sécurité Ouest de Rennes, est référent mixité depuis septembre 2018, et l’un des 7 référents zonaux de l’Hexagone depuis janvier 2020. Il explique son rôle, ses méthodes, ses objectifs.
Référent des référents
Ma fonction principale est d’être responsable de la conduite des opérations militaires pour le quart nord-ouest de la France, ainsi je dirige environ 200 militaires au quotidien. De par mon grade et mes fonctions, j’ai accès à tous les chefs de corps, commandants de formation administrative de la zone… ce qui facilite le dialogue avec les différentes têtes de chaines.
J’ai comme fonction particulière d’être le référent mixité-égalité zonal, c’est-à-dire référent des référents "mixité-égalité" de l’ensemble des formations administratives de la zone (soit 40 000 personnes dont 5 000 femmes, et une cinquantaine de référents).
Les référents me sollicitent assez régulièrement pour des avis, des conseils, voire même pour une intervention en direct dans un cas à traiter. Je tente de leur répondre le plus rapidement possible car souvent une situation sensible peut être anxiogène. Je dois donc aussi protéger mes référents.
En binôme
Avec mon adjointe, la commandant Marie Trimouillas, nous échangeons au quotidien, même si Marie s’occupe plus de l’animation du réseau, et moi de la communication avec les chefs d’unités et les référents. Il y a un travail de prévention à faire sur le long terme, et aussi un quotidien à gérer avec les différents personnels en cas de soucis. Souvent, un simple dialogue suffit à régler un problème. L’objectif est de maintenir la bonne cohésion des unités, et cette cohésion passe par une mixité et une égalité bien vécue au quotidien par le personnel civil et militaire.
On est particulièrement vigilants avec les unités qui partent en opération, car c’est souvent dans les conditions de stress et de confinement que les cas les plus complexes sont rencontrés. C’est pourquoi je briefe systématiquement les équipes avant qu’ils ne partent en opération. Je leur rappelle des règles basiques mais essentielles pour la cohésion du groupe.
Dans la réaction
Quand les référents de la zone me font part de difficultés dans leurs unités, j’applique la tolérance zéro. Parfois, ce qu’on appelle chez nous des "blagues de popotes" peut se révéler blessant, sans même que l’auteur en soit conscient.
Dernièrement, j’ai rencontré un cas qui m’a marqué. Une jeune militaire se faisait régulièrement "brancher" par ses camarades (hommes et femmes) car elle avait un détail physique peu courant. Celle-ci ne voulait pas rendre compte à ses chefs de peur de mettre à mal la cohésion de son unité et d’être mise à l’écart.
La référente mixité de cette formation m’a contacté car ni elle ni son encadrement de proximité ne voyait comment résoudre cette affaire sans mettre à mal le bien-vivre et la cohésion de cette unité. Très froidement et en écoutant tout aussi bien la référente mixité, l’intéressée et son encadrement, nous avons mis en place une méthode basée sur l’écoute et le dialogue pour faire comprendre aux intéressés qu’ils devaient cesser ces remarques désobligeantes.
Diffuser les bonnes pratiques
Je suis chargé de transmettre aux référents les directives, mais surtout de les appuyer lorsqu’ils rencontrent des difficultés. Lorsque l'un d'eux rencontre une situation inégalitaire au sein de son unité, il peut avoir du mal à discerner ce qu’il y a à faire. Le fait que je ne connaisse pas les intéressés me permet de le conseiller avec discernement sur les actions à mener. Pour bien les connaitre, et surtout qu’ils aient confiance en moi, je réalise un séminaire annuel où nous exposons - de façon anonyme - certains cas rencontrés. Les échanges lors de ce séminaire permettent de mettre en œuvre des bonnes pratiques en termes de prévention notamment, et de les partager avec le réseau national.