La réforme de la haute fonction publique

Autres pages | Publié le 17 janvier 2023 | Mis à jour le 18 mars 2024

Le Président de la République a lancé, le 8 avril 2021, une profonde réforme de l’encadrement supérieur de l’État, sans équivalent depuis 1945. Elle agit sur tous les leviers de la gestion des ressources humaines des cadres supérieurs : recrutement, formation, gestion des carrières.

Elle a conduit à l’adoption de l’ordonnance du 2 juin 2021 et d’un ensemble de textes réglementaires, ainsi qu’à la mise en place de nouveaux acteurs institutionnels, comme l’institut national du service public et la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (DIESE).

Ouverture, compétences, mobilité

La convention managériale de l’État du 8 avril 2021 a posé les principes d’une réforme d’ensemble de l’encadrement supérieur de l’État. Un double objectif : l’adapter aux nouveaux enjeux de l’action publique et aux attentes des hauts fonctionnaires.

Réformer la haute fonction publique, c’est œuvrer à des recrutements plus ouverts, plus diversifiés, dynamiser les formations, les parcours et les carrières.

C’est aussi continuer à attirer les nouvelles générations vers le service de l’État, consolider la dimension méritocratique des recrutements.

C’est enfin lui permettre de mieux anticiper et de participer à relever les défis des transformations profondes du pays en matière économique, sociale, écologique et numérique.

Après une consultation menée auprès de 7 300 cadres supérieurs de l’État et de nombreux ateliers et groupes de travail, l’ordonnance du 2 juin 2021 portant la réforme de l’encadrement supérieur de l’État a fixé le cadre d’une rénovation en profondeur de la formation, de l’accès aux emplois et des parcours de carrière des hauts fonctionnaires.

Renforcement de la formation continue, de l’évaluation et de l’accompagnement des carrières, valorisation des mobilités et des expériences opérationnelles… Ces ambitions prennent forme avec notamment, la création de l’Institut national du service public (INSP), de la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (DIESE) et du corps des administrateurs de l’État.

La consultation des cadres supérieurs de l'État

Employeurs et cadres supérieurs de la fonction publique de l’État ont été interrogés, dans le cadre d’une consultation menée du 27 mai au 18 juin 2021, afin de recueillir leurs attentes vis-à-vis de la réforme. Plus de 7 300 cadres supérieurs de la fonction publique y ont participé.

Les attentes vis-à-vis de l’amélioration du fonctionnement de l’administration portent principalement sur l’amélioration de la gestion des ressources humaines, l’adaptation du fonctionnement de l'administration et le gain en vision stratégique à long terme. Les cadres préconisent d’encourager les mobilités, par le renforcement de l'accompagnement professionnel et extra-professionnel, l’amélioration de la transparence des offres d'emplois, la création de parcours-type de carrière et une meilleure reconnaissance et valorisation des mobilités.

Pour une haute fonction publique plus ouverte et plus diversifiée

La formation des hauts fonctionnaires peut être repensée et décloisonnée, et ce, tout au long de la carrière, pour permettre une meilleure adaptation des compétences aux emplois et une actualisation des connaissances tout au long de la vie.

L’ouverture des emplois de la haute fonction publique, via le développement d’une logique d’emploi, peut rendre un plus grand nombre d’emplois accessibles, sur la base des compétences et de l’expérience.

La création de statuts d’emplois ouvre plus largement à des viviers de compétences permettant de prétendre à l’accès aux emplois concernés. Ces statuts d’emplois permettent de prévoir :

  • davantage de transparence dans l’accès aux emplois concernés ;
  • l’ouverture des emplois à des viviers plus larges. Depuis la loi du 6 août 2019, les emplois de direction au sein de l’État sont ainsi ouverts aux contractuels et à des fonctionnaires de catégorie A bénéficiant déjà d’une expérience de haut niveau.

Pour les concours d’accès à la haute fonction publique, le plan « Talents du service public » vise à lutter contre l’autocensure et à développer l’accès de tous les talents du territoire aux grands concours de la fonction publique.

Le plan « Talents du service public » se compose de trois éléments

► Les 100 Prépas Talents, qui sont des cycles de préparation aux concours de la fonction publique intégrés à des écoles de service public, des universités, des IEP et des IPAG ou CPAG ;
► Les concours Talents ouverts à ceux ayant suivi ces cycles de préparation et permettant l’accès à cinq écoles de service public que sont l’INSP, l’INET, l’ENAP, l’EHESP et l’ENSP ;
► Les cordées du service public, qui permettent un accompagnement de collégiens et de lycéens par des élèves d’écoles de service public.

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Pour une haute fonction publique mieux formée et en prise avec les enjeux actuels

La formation initiale et continue des cadres supérieurs de l’État est refondée avec la création de l’Institut national du service public (INSP). Plus que jamais, il s’agit de :

  • faire du temps de scolarité un véritable temps de formation ;
  • de mieux tenir compte dans la formation initiale des compétences détenues précédemment par les fonctionnaires stagiaires ;
  • de donner une place accrue aux formations des enjeux de demain, en termes notamment de management, d’analyse stratégique et d’innovation ;
  • d’ouvrir davantage la scolarité à l’Europe et à l’international et de renforcer les liens avec le monde académique.

Les fonctionnaires stagiaires se voient proposer, à l’issue de leur scolarité, des postes plus opérationnels, y compris en administration déconcentrée et chez les opérateurs.

L’institut national du service public

L’INSP pilote un tronc commun aux écoles d’encadrement supérieur afin de donner une culture commune, mais aussi une culture du travail en commun, à tous ceux qui se destinent à servir l’État au plus haut niveau.

Il coordonne également l’élaboration et assure le suivi des programmes de formation continue des cadres de l’État. Des formations et des programmes d’excellence accompagneront le parcours professionnel des cadres supérieurs de l’État pour se former dans un environnement plus divers et exigeant, plusieurs fois dans leur carrière.

Dans ce cadre, un programme de formation aux fonctions de direction (Cycle des hautes études de service public CHESP) est destiné à ceux qui ont vocation à accéder aux emplois dirigeants de l’État afin de leur permettre d’acquérir les compétences et l’ouverture d’esprit attendues d’un cadre dirigeant de l’État.

Enfin, l’INSP renforce ses liens avec la recherche et le monde académique au niveau national et international.

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Pour une haute fonction publique plus transversale, mieux accompagnée, plus mobile

La création du corps des administrateurs de l’État s’inscrit dans la continuité des objectifs de l’ordonnance de 1945. Elle vise à créer une identité commune à l’ensemble des cadres supérieurs de l’État, en passant d’une logique de corps à une logique d’emploi, tout en conservant un cadre statutaire protecteur et attractif.

Socle de l’encadrement supérieur, ce corps met fin au déterminisme du classement de sortie et à la rigidité du fonctionnement de l’État autour de cloisonnements par corps ou par ministère.

Tous les hauts fonctionnaires vont pouvoir bénéficier d’outils pour construire leurs parcours en fonction de leurs compétences et de leurs aspirations. L’accompagnement personnalisé sera renforcé, grâce au rôle pivot de la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État (DIESE). La transparence dans l’accès aux emplois supérieurs sera renforcée pour que chacun puisse postuler sur tous les emplois auxquels ses compétences lui permettent de prétendre.

Des évaluations, extérieures à la chaîne hiérarchique, seront réalisées tous les six ans afin de conseiller et d’orienter l’agent, de lui proposer un parcours de formation ou encore, s’il le souhaite, de l’accompagner dans une transition professionnelle.

La réforme de la haute fonction publique vise ainsi à encourager et à valoriser les mobilités entre ministères, avec les autres versants de la fonction publique et, le cas échéant, avec le secteur privé dans le respect des règles déontologiques. Dans cette optique, deux mobilités seront rendues obligatoires : l’une en début de carrière, l’autre en deuxième partie de carrière. Il s’agit d’encourager et de valoriser les mobilités – pour autant, il n’y aura pas de mobilité géographique imposée.

Les administrateurs de l’État, corps socle de l’encadrement supérieur de l’État

Le décret n° 2021-1550 du 1er décembre 2021 portant statut particulier du corps des administrateurs de l'Etat crée le corps à vocation interministérielle des administrateurs de l'État et définit les règles statutaires relatives à ce corps. Rattaché statutairement au Premier ministre, il devient le corps socle de l'encadrement supérieur de l'État, dont les membres sont formés par l'Institut national du service public, en application de l'article 5 de l'ordonnance n° 2021-702 du 2 juin 2021 portant réforme de l'encadrement supérieur.

Ce corps est plus attractif, plus ouvert à la promotion interne et favorise le développement de compétences et des parcours plus diversifiés.

Depuis le 1er janvier 2022, le corps des administrateurs de l’État intègre le corps des administrateurs civils et le corps des conseillers économiques. Et depuis le 1er janvier 2023, il regroupe en outre les corps des préfets et sous-préfets, les corps diplomatiques (conseillers des affaires étrangères et ministres plénipotentiaires), le corps des administrateurs des finances publiques, les corps d’inspection générale, ainsi que le corps des administrateurs du Conseil économique, social et environnemental. Pour les membres de ces corps, un droit d’option est ouvert, leur permettant de choisir entre rejoindre le corps des administrateurs de l’État ou rester dans leur corps mis en extinction.

Le rôle de la DGAFP

  • elle élabore les règles statutaires et contribue à la promotion et la mise en œuvre des politiques d’ouverture, de transparence et d’harmonisation des parcours concernant les cadres supérieurs, dans le cadre des orientations fixées par la délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État ;
  • elle supervise la gestion du corps des administrateurs de l’État, notamment en assurant le secrétariat du collège des administrateurs de l’État ;
  • elle pilote les voies de recrutement de promotion interne dans le corps des administrateurs de l’État.

Les grands axes de la réforme de la haute fonction publique

Ambitieuse et globale, la réforme de la haute fonction publique s’organise autour de trois axes principaux.

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