Les classes préparatoires intégrées, l’atout réussite des concours

Directeur du foyer d’accueil médicalisé et du foyer de vie "Les Thuyas" de Monferran-Savès, dans le Gers, Soffian Bucherie est un ancien CPI. Ce dispositif lui a permis de se préparer dans les meilleures conditions aux concours de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’intégrer avec succès.
Lorsque l’on demande à Soffian Bucherie ce qu’il voulait faire après ses études, la réponse est claire : travailler dans le domaine de la santé et du social. "Cela m’a toujours intéressé. Plus j’en apprenais sur le domaine, plus j’avais envie d’en faire mon métier". Originaire de La Roche-sur-Yon, il intègre l’IEP de Grenoble. Pourquoi si loin ? Parce que c’était le seul IEP qui proposait un master sur les politiques publiques de santé. Soffian commence à penser aux concours de la fonction publique, se documente sur les métiers de la filière sociale et médico-sociale, sur les différents concours qui lui permettront de tracer sa voie dans ce secteur qui le passionne. En 2015, son master en poche, il a un nouvel objectif en ligne de mire : accéder à l’École des hautes études en santé publique (EHESP).
Mettre toutes les chances de son côté grâce à la CPI
En faisant quelques recherches, Soffian Bucherie découvre le dispositif des CPI, qui permet à des jeunes motivés et de condition modeste de préparer les concours de la fonction publique. "Je correspondais aux critères, j’ai été boursier pendant toute ma scolarité. Et la motivation était là, plus que jamais. C’était une sacrée aubaine pour moi. J’ai donc tenté ma chance pour la CPI de l’EHESP à Rennes, déposé un dossier et passé un entretien devant un jury."
Le processus étant sélectif, cet ancien CPI conseille de ne surtout pas sous-estimer la phase d’entretien avec le jury : "C’est beaucoup plus proche de l’épreuve du concours que l’on ne s’imagine. J’ai été surpris par les questions. Je pense que la cohérence de mon parcours et mon appétence pour ces secteurs d’activité ont joué en ma faveur. N’oublions pas que c’est un métier d’engagement et cet engagement doit déjà transpirer lorsque vous voulez accéder à ces classes préparatoires."
Une prépa en immersion complète
Octobre 2015 : Soffian Bucherie intègre donc la CPI de l’EHESP. Une intégration en immersion complète dans l’école, avec sa promo d’une quinzaine d’autres élèves CPI. Les repas et l’hébergement sont gratuits au sein de l’école. "Après de si longues études, ces avantages sont une vraie bouffée d’air." Qui dit immersion dit aussi cohésion de la promotion, solidarité, émulation et surtout travail d’arrache-pied pour décrocher le concours. Vivre dans l’école est pour Soffian un facteur supplémentaire de réussite. "Le fait d’être réunis par le dispositif, de partager les mêmes ambitions et centres d’intérêts, d’avoir le même investissement, crée forcément une cohésion importante toute l’année." La promotion s’organise ainsi en groupes de travail, se prépare ensemble aux oraux d’entraînement. La concurrence est très peu présente car les candidats se disent qu’il y a de la place pour tout le monde et qu’il faut s’entraider. "Cette année de prépa étant très intense, elle est aussi en dents de scie, avec des hauts et des bas. Les autres vous aident à tenir bon, à remonter la pente lorsqu’on a un coup de mou. C’est inévitable."
"Faites confiance aux équipes de la CPI"
Quelques années après, Soffian se souvient très nettement du rythme très dense, de l’environnement qui favorise la réussite... "L’équipe administrative et les professeurs sont au top, très investis, à l’écoute. Ce sont de vrais repères. Je leur suis très reconnaissant. Leur accompagnement m’a permis de réussir ce concours du premier coup."
Entre la CPI et sa formation, Soffian Bucherie aura passé plus de 3 ans au cœur de l’EHESP. S’il avait un message à faire passer aux futurs CPI, ce serait tout simplement la confiance. "Faites confiance aux équipes de la CPI qui s’occupent de vous. Absorbez tout ce que vous pouvez absorber de cet environnement. C’est riche, intense, tout se passe à 200 à l’heure. C’est beaucoup d’investissement personnel mais cela en vaut la peine ! Profitez de cette chance qui s’offre à vous."
En janvier 2019, après sa scolarité et 12 mois de stage de terrain, Soffian prend son premier poste : directeur du foyer d’accueil médicalisé et du foyer de vie "Les Thuyas", non loin de Toulouse. À 28 ans. L’établissement où travaillent 130 professionnels accueille plus de 80 adultes en situation de handicap. Avec beaucoup d’humilité, ce jeune encadrant prend la tête de cette structure à taille humaine, presque familiale, et expérimente le management. "Vous managez comme vous êtes, dans un sens. Vous avez vos codes, votre façon de faire, votre vision, vos défauts, vos manques… Les équipes finalement s’adaptent une fois que l’on s’est soi-même adapté à la vie de l’établissement. Il faut arriver avec modestie : il n’était pas question que je débarque du haut de mes 28 ans comme un petit chef, d’autant que je travaille avec des professionnels qui ont des compétences que je n’ai pas."
Son avenir va s’écrire pendant quelques années aux Thuyas. Les projets du nouveau directeur ne manquent pas pour l’établissement et il veut se donner le temps de les monter et de les voir aboutir. Avant peut-être de remettre le cap sur sa région d’origine… dans un centre hospitalier ou un établissement de protection de l’enfance.