Interview de Mireille Faugère, directrice générale de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) - 24/09/2012
Dans le paysage hospitalier français, l’AP-HP occupe une place très importante. Elle représente 10% de l’offre de soins et 40 à 50 % de la recherche clinique. Elle contribue à la formation des médecins et soignants qui irriguent la France entière.
Quel est le contexte actuellement à l'AP-HP ?
Conformément à ses missions de service public, l’AP-HP évolue en permanence pour répondre toujours mieux aux besoins de santé des habitants sur les territoires où sont implantés ses 37 établissements réunis en douze groupes hospitaliers.
Depuis mon arrivée, j’ai entrepris d’accélérer ce processus de modernisation autour de quatre axes essentiels : la restructuration de l’offre de soins, l’amélioration du service aux patients, la visibilité des projets de recherche et la gouvernance interne de l’AP-HP.
Pouvez-vous faire un point d'étape sur les orientations 2012-2013 notamment en ce qui concerne l'amélioration de la qualité et de la sécurité aux soins ou la situation financière de l'AP-HP ?
J’ai lancé début 2011 seize chantiers prioritaires. L’objectif est la mise en place d’organisations inspirées des meilleures pratiques nationales et internationales. Les progrès qui sont réalisés permettent d’améliorer la qualité de la prise en charge des patients, la performance de nos organisations, les conditions de travail, et nous aident à renforcer notre activité.
Il s’agit par exemple de l’organisation de l’aval des urgences qui permet de désengorger les services d’urgences ou du développement de la chirurgie ambulatoire qui va conduire à modifier considérablement les types de prise en charge et donc les organisations au bénéfice des patients et des soignants.
L’amélioration du service aux patients est pour moi le fil conducteur d’un grand nombre de modernisations actuellement en cours dans l’institution. J’ai ainsi lancé début 2012 le programme « Proches de vous ». Il a vocation à répondre aux attentes exprimées par les patients, leurs proches et les médecins correspondants, d’un meilleur accompagnement tout au long des étapes de soins.
Sur le plan financier, notre objectif reste le retour à l’équilibre. Le budget 2012 de l’AP-HP témoigne d’une politique volontariste de croissance de l’activité, dans le respect des orientations ministérielles.
Ce budget assure la solidité financière de l’AP-HP pour lui permettre d’investir et de maintenir une dynamique de projets ambitieux.
Quelles sont les conséquences de la création des 12 groupes hospitaliers ?
La création de 12 groupes hospitaliers permet de mettre en œuvre sur les territoires une offre de soins plus cohérente et mieux coordonnée entre les établissements qui les composent. Cette réforme est porteuse de synergie, d’amélioration de la qualité des soins et d’économie. Elle met à la tête des groupes hospitaliers des binômes directeur/médecin président de commission médicale d’établissement locale, pleinement responsables.
La recomposition des pôles hospitalo universitaires en juillet 2011 en est la conséquence directe. C’est au sein de ces pôles plus cohérents, moins nombreux que les précédents (nous sommes passés de 183 à 128 pôles dont 79 multi sites) que va être accélérée la modernisation de notre offre de soins.
Les nouveaux pôles de l’AP-HP sont maintenant au cœur des projets de chaque groupe hospitalier. Ils mettent en œuvre la stratégie médicale, managent les équipes soignantes, et concourent au pilotage de l’activité et de la gestion des ressources.
La FPH voit émerger le besoin en nouvelles compétences pour ses agents, de nouveaux métiers, qu'allez-vous mettre en oeuvre pour anticiper et répondre à ces nouveaux enjeux en matière de ressources humaines (en matière de recrutement et de formation) ?
Les métiers de l’hôpital associent la technologie de pointe et la plus grande humanité. Les professionnels préservent la vie et luttent contre la maladie, le jour comme la nuit.
Afin de développer une approche de l’emploi de plus grande qualité, tant dans les processus de recrutement que de formation, nous utilisons le répertoire des métiers de la fonction publique hospitalière.
Nos professionnels non médicaux occupent des fonctions extrêmement variées répartis en neuf familles : soins, social-éducatif et cultuel-culturel-sports et loisirs, recherche clinique, ingénierie et maintenance techniques, services logistiques, qualité-hygiène-sécurité-environnement, systèmes d’information, gestion de l’information, management, gestion et aide à la décision.
L'évolution des organisations, des technologies médicales, de l'articulation ville/hôpital engendrent des évolutions de métiers et nous conduisent à entrer dans une logique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Les démarches ont notamment porté sur les métiers de la filière investissement et maintenance, de la coordination, de l’expertise, des urgences, des blocs opératoires, de la pharmacie et des soins.
En matière de mobilité, pouvez-vous faire un point après la mise en oeuvre de la loi mobilité du 3 août 2009 ?
Nous avons élaboré une charte de la mobilité interne et l’avons mise en œuvre sur l’ensemble des établissements. Un service des parcours et mobilités professionnels fonctionne en réseau avec des correspondants sur chaque groupe hospitalier.
Lors de la mise en œuvre des réorganisations, des cellules d’accompagnement professionnel sont créées au niveau du siège et de chaque groupe hospitalier.
La mobilité professionnelle est financée via un fond d’intervention régional abondé par des crédits de l’assurance maladie. L’accompagnement des personnels est un facteur clé de réussite de toute transformation.