L'apprentissage dans les services du Premier ministre - 01/07/2015

Interview de Sofien ABDALLAH,
adjoint au chef du bureau de la gestion des personnels contractuels à Direction des services administratifs et financiers (DSAF) du Premier ministre
Pourquoi les services du Premier ministre (SPM) se montrent particulièrement actifs dans la mise en œuvre la politique en faveur de l’apprentissage ?
Permettez-moi, avant de répondre à votre question, de mettre en avant le caractère tout à fait collectif et transversal de ce travail. Si le bureau de la gestion des personnels contractuels à la Direction des srvices administratifs et financiers (DSAF) du Premier ministre a été désigné comme coordinateur de ce projet, quasiment tous les autres bureaux de la sous-direction des ressources humaines participent à cette entreprise. Les secrétaires généraux ou directeurs des ressources humaines des différentes entités administratives rattachées au Premier ministre sont également parties prenantes de ce dispositif et jouent un rôle absolument essentiel au quotidien. Pour jouer des métaphores, cette implication collective me fait vraiment penser à une équipe de football au sein de laquelle chaque individualité met son talent au service du groupe pour la faire gagner !
Tout d’abord, je rappelle que pour les SPM, le recrutement d’apprentis n’est pas quelque chose de nouveau ! Nous avons, en effet, déjà acquis une expérience dans ce domaine en ayant recruté une dizaine d’apprentis depuis 2009 dans différents secteurs, comme les métiers de bouche, la communication ou l’informatique.
C’est donc dans une démarche d’exemplarité et avec une ferme volonté de développer cette expérience, que les SPM ont décidé de contribuer à l’accélération de la mise en œuvre de la politique en faveur de l’emploi des jeunes réaffirmée par le président de la République lors de Grande conférence sociale des 7 et 8 juillet 2014. A cette occasion, ce dernier a souhaité replacer l’apprentissage au centre du dispositif et appelé les administrations à y prendre activement part. C’est ce que les SPM sont en train de faire ! Nous avons, en effet, la conviction que l’employeur public, du fait des missions de service public qui lui sont confiées et de par les valeurs qu’il incarne, se doit d’être exemplaire face à ces enjeux.
Pour les SPM, participer au développement de l’apprentissage au sein de l’administration, c’est en particulier :
- prendre part à l’effort de la nation dans sa lutte contre le chômage et la précarité ; pour que sa jeunesse retrouve le chemin de l’emploi ;
- donner aux jeunes une première expérience professionnelle au contact de la réalité du monde du travail, tout en les aidant à financer leurs études ;
- multiplier les chances des futurs diplômés de trouver un emploi à la suite de leurs études, une grande majorité de ceux qui suivent une formation en alternance trouvant un emploi rapidement.
Mais, les employeurs que sont les SPM y trouvent également de nombreux avantages en recrutant des apprentis. Il s’agit d’un engagement :
- « global » favorisant la diversité et permettant au monde de l’administration de s’ouvrir plus encore à des catégories de jeunes qui y sont peu représentées ;
- qui participe à la rénovation et à la modernisation de notre gestion des RH, nous poussant à rechercher des solutions innovantes afin de s’adapter aux besoins que cette politique en faveur des apprentis engendre ;
- qui, enfin, contribue à la diversification des filières de recrutement. Ceci même si, comme nous le savons tous, un contrat d’apprentissage ne dispense pas son bénéficiaire de candidater dans les conditions de droit commun aux différentes voies permettant d’intégrer la fonction publique, conformément au principe d’égalité de l’accès à l’emploi public.
Voilà, pourquoi, les SPM se sont résolument engagés dans une démarche proactive et volontariste pour le développement de l’apprentissage.
Combien et quels types de postes sont ouverts au sein des SPM ?
La Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) a décidé que, dans le cadre de la politique d’apprentissage, les SPM apporteraient un soutien opérationnel à d’autres administrations (Conseil d’État, Cour des comptes, Conseil économique, social et environnemental, le Défenseur des droits, etc.), soit un périmètre correspondant à environ 10 000 équivalents temps plein (ETP).
Le Premier ministre a notifié le 11 mai 2015 à ses services, la cible de 48 nouveaux apprentis pour 2015-2016, soit 35 pour la rentrée scolaire et universitaire 2015/2016 et 13 pour celle de 2016/2017.
Une quinzaine d’administrations de ce périmètre ont confirmé 57 besoins effectifs en apprentis. Ces offres d’apprentissage sont toutefois susceptibles d’évoluer dans les prochaines semaines. Les fiches de poste d’apprentis ont été progressivement publiées sur la page spécialement dédiée à l’apprentissage de la Bourse interministérielle pour l’emploi public (BIEP).
Ces 57 fiches de poste concernent des domaines d’activité extrêmement variés : la logistique, les systèmes d’information et de communication, les études et évaluations des politiques publiques, la communication, les affaires générales, les ressources humaines, etc. Tous les niveaux de diplômes sont recherchés : master, licence, bac+2, etc. Un certain nombre de fiches de poste de niveau CAP proposées concernent la logistique des trois cabinets ministériels relevant de ce périmètre (chefs de rang, commis de cuisine, commis en pâtisserie, etc.). Ainsi, conformément aux directives gouvernementales, ces dernières propositions s’inscrivent dans l’objectif de favoriser l’emploi d’apprentis faiblement qualifiés.
Enfin, permettez-moi de rappeler qu’il a été prévu d’accorder une attention particulière au recrutement d’apprentis handicapés, conformément aux objectifs nationaux d’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Ainsi, 24 jeunes apprentis handicapés bénéficieront de contrats d’apprentissage au sein de ce large périmètre des SPM : 4 en 2015, 8 en 2016 et 12 en 2017. Un ensemble d’aides spécifiques sont prévues pour les accompagner tout au long de leur période d’apprentissage.
Quel dispositif avez-vous prévu pour les futurs apprentis et leurs maitres d’apprentissage ?
Dès le début de ce processus, en octobre dernier, nous avons considéré que ce point était essentiel à la réussite de notre démarche.
Après avoir identifié nos besoins en apprentis au sein de chaque entité administrative des SPM, nous avons désigné les maitres d’apprentissage sur la base du volontariat. C’est important pour l’implication des maitres d’apprentissage et l’appropriation par les différentes administrations de cette politique publique rénovée. Ainsi, chaque offre de poste d’apprenti devait être accompagnée du nom et des fonctions du maitre d’apprentissage.
De plus, plusieurs sessions de formation des maitres d’apprentissages sont ou vont être organisées par une équipe pluridisciplinaire de la sous-direction des ressources humaines de la DSAF pour les accompagner dans leur mission. Ce dispositif de formation se décline en trois phases :
- un stage de deux jours intitulé « Formation des maîtres d’apprentissage » dispensé par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris - Ile de France dont l’objectif est de mettre à leur disposition les outils et méthodes pour transmettre les savoir-faire et évaluer la progression de l’apprenti. Un représentant de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE) Ile de France, actrice essentielle sur les aspects juridiques et règlementaires de l’apprentissage, y intervient et un kit maitre d’apprentissage spécifique aux SPM est remis à chaque participant ;
- un module d’une demi-journée de présentation des services du Premier ministre et de leur organisation, destiné à apporter au maître d’apprentissage les connaissances nécessaires pour faciliter l’intégration de l’apprenti dans son environnement professionnel ;
- une rencontre-bilan destinée à réunir l’ensemble des maîtres d’apprentissage pour un retour d’expérience à l’issue des deux premières phases et un échange de pratique. Ceci nous permettra de développer un réseau de maitre d’apprentissage.
Devant la forte demande de participation sur la première session de juin, au moins deux autres sessions seront organisées avant la fin du mois d’octobre prochain. La première vient de se terminer et nous avons d’excellents retours de la part des participants. C’est très encourageant pour nous car, dès le départ, nous avions à cœur de « professionnaliser » le rôle du maitre d’apprentissage.
Enfin, de leur côté, les apprentis en poste à Matignon devraient se voir proposer une participation à la traditionnelle journée d’accueil des nouveaux arrivants qui inclut notamment une présentation générale de l’organisation et du fonctionnement des SPM ainsi qu’une visite de l’Hôtel de Matignon ! Ils devraient également être réunis pour une session spécifique afin de les aider à s’intégrer à l’environnement professionnel des différents services rattachés au Premier ministre.
Nous prévoyons d’organiser d’autres actions, touchant les apprentis et leurs maitres d’apprentissage, au cours de l’année.
A ce stade, avez-vous reçu suffisamment de candidatures pour chaque poste ?
L’importante mobilisation des SPM, les relations avec les CFA et la participation à divers forums ont commencé à donner des résultats intéressants. A ce jour, près de 900 CV et candidatures ont été reçus par les différents services du périmètre. Elles ont déjà débouché sur environ 150 entretiens, soit une moyenne d’à peu près 3 entretiens par poste proposé.
Avez-vous déjà finalisé certains recrutements ?
Oui, tout à fait, une vingtaine de contrats d’apprentis sont en passe d’être finalisés ou déjà conclus ! Et, ce n’est pas fini… Au regard de la dynamique actuelle, nous avons bon espoir d’atteindre notre objectif de recruter 35 apprentis d’ici la prochaine rentrée scolaire et universitaire de septembre et octobre 2015.
Quels conseils donneriez-vous aux services gestionnaires qui vont entamer le processus et commencer à rédiger leurs fiches de postes ?
La première chose que je recommanderais, c’est de bien anticiper la phase administrative de recrutement des apprentis qui est complexe (conditions pour être maitre d’apprentissage ou apprenti, rédaction des conventions d’apprentissage, instruction des dossiers de recrutements, etc.) et fait intervenir les Centres de formation des apprentis (CFA) ainsi que la DIRECCTE régionalement compétente. Un guide pratique - très complet et accessible - élaboré par la DGAFP est d’ores-et-déjà disponible.
Parallèlement, il est important de mettre en place un dispositif d’accompagnement des différents services recruteurs. Cela passe par :
- d’une part, l’identification d’un interlocuteur unique (une équipe de deux ou trois personnes maximum) chargé de répondre à toutes les interrogations que peuvent avoir les différentes entités administratives qui recrutent et de les conseiller ;
- et, d’autre part, par la constitution d’un réseau de correspondants « apprentissage » identifiés par le biais des traditionnels correspondants ressources humaines de chaque service (un réseau d’une vingtaine de correspondants a ainsi été constitué au sein des SPM).
Enfin, il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre des jeunes, sur le terrain ! Ainsi, nous avons pris part à différentes manifestations. Pour générer des candidatures, outre la publication de fiches de poste sur la BIEP, nous avons fait la publicité des postes d’apprentis auprès d’un certain nombre d’écoles, universités et CFA ainsi que d’acteurs institutionnels (la Région Ile-de-France, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris) . Nous avons également pris part au Forum de l’Alternance (12 et 13 mai 2015), à la Fête de l’Alternance du 28 mai 2015 (Parc Floral de Paris) et au Salon de l’Apprentissage organisé par le CFA-AFIA (1er juin 2015). De nombreuses manifestations sont encore organisées d’ici fin septembre et il ne faut pas hésiter à s’y rendre pour faire connaître son offre de postes d’apprenti aux potentiels candidats.