Discours d’Annick Girardin au Comité des Directeurs des ressources humaines public - privé - 20/09/2016
Bonjour à tous,
Je me réjouis de vous accueillir ce matin pour cette nouvelle réunion du Comité des DRH Public-Privé. C’est la quatrième édition pour certains d’entre vous, la première pour moi.
Tout d’abord, je souhaite vous remercier pour votre investissement au sein de ce comité. En effet, j’attache beaucoup d’importance aux échanges entre le public et le privé qui sont pour moi non seulement un moyen de connaissance réciproque mais également une façon de montrer que la fonction publique ne doit pas être hermétique à son environnement. La preuve : nous sommes là aujourd’hui ensemble et j’espère que cet échange sera mutuellement fructueux.
En effet, les deux secteurs ont des spécificités : l’engagement de service public d’un côté, le développement économique de l’autre. Ces spécificités ont conduit à des statuts juridiques différents. Il ne s’agit pas de les nier et tout aligner. Mais au-delà de ces différences, nous avons en commun des enjeux et des problématiques communes en matière de ressources humaines. Et bien, ces problématiques méritent d’être débattues et pensées ensemble, car nous partageons le même objectif : rendre nos organisations plus réactives et plus agiles.
Après trois rencontres dédiées à la diversité, à la mobilité public/privé et enfin à l’impact du numérique, nous allons débattre de la reconnaissance de la valeur professionnelle.
Je rappelle - au cas où certains auraient des doutes - que la prise en compte de la« valeur professionnelle » est consacrée par les lois de 1983-1984 dites Le Pors, sur le statut des fonctionnaires.
La question du rapport au travail est à mon sens un élément du sentiment de crispation sociale constaté aujourd’hui. Si notre société se fracture c’est pour de multiples raisons, mais c’est aussi car beaucoup de nos concitoyens dans le public tout autant que dans le privé – ont perdu le sens de leur travail et sont en demande de reconnaissance.
Le sujet de la reconnaissance de la valeur professionnelle est fondamental car sans élément de reconnaissance de la valeur professionnelle, il n’y a pas de relations de travail apaisées. Pourquoi ? Parce que c’est l’intérêt de tous que l’individu aille bien dans le collectif.
A ce titre, je voudrais soumettre au débat trois questions principales : la procédure et les méthodes d’évaluation, les outils de la reconnaissance, et la prise en compte de l’individu et du collectif dans la reconnaissance de la valeur professionnelle.
Que ce soit dans le secteur privé ou public, l’employeur doit organiser un entretien annuel. Les thématiques abordées sont sensiblement les mêmes au sein de ces différents secteurs : charge de travail, organisation du travail, besoins de formation et perspectives professionnelles.
Les débats se font jour sur la place et l’utilité même du seul entretien annuel, des expériences alternatives ou complémentaires sont conduites. Ce qui est certain, c’est que les managers doivent être à l’écoute et échanger au quotidien, sur ces questions-là : et non pas seulement lors d’un entretien formel et d’une heure dans les meilleurs des cas. Il s’agit de construire un rapport de confiance continu avec ses équipes.
S’agissant des méthodes d’évaluation, j’ai relevé que certaines entreprises s’étaient lancées dans l’évaluation à 180°C, 360°C. A mon sens, ce type de méthodes présente un intérêt dans les administrations aussi. J’aimerais que vous nous fassiez partager vos expériences sur ces méthodes.
La reconnaissance de la valeur professionnelle est attendue par les agents sous deux aspects :
L’aspect monétaire d’une part : différenciation des rémunérations, utilisation optimale des enveloppes de primes, prise en compte dans le parcours professionnel.
Au sein de la fonction publique, nous avons d’ailleurs mis en place une réforme du système de primes permettant de valoriser à la fois les fonctions, l’expertise et l’engagement professionnel.
L’aspect non monétaire d’autre part : écoute des agents, formation, implication des agents, positionnement sur des projets stimulants et valorisants, conseils personnalisés en évolution de carrière.
Troisième questionnement : comment articuler la reconnaissance collective, celle de l’atteinte des objectifs par une équipe et la reconnaissance individuelle, celle de la part individuelle du travail ?
On le voit, les enjeux de la reconnaissance de la valeur professionnelle sont communs à nos deux secteurs. Je souhaite vous entendre sur cette question et sur sa traduction en termes d’outils d’intéressement collectif. Les entreprises sont nettement en avance sur la fonction publique sur ce sujet et nous pouvons nous enrichir des expériences des DRH du privé.
Je souhaite que le moment qui nous réunit nous permette de croiser nos interrogations et d’échanger sur les bonnes pratiques existantes dans nos secteurs respectifs.
Je vous remercie.