Vote sur le projet de loi portant réforme des retraites au Sénat - 22/10/2010
Allocution d'Éric Woerth prononcée le 22 octobre lors du vote du Sénat.
Monsieur le Président,
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Votre Haute Assemblée s’apprête à se prononcer sur un projet de loi fondamental pour l’avenir de notre système de retraite par répartition.
C’est une étape essentielle du débat démocratique que nous avons eu sur les retraites. Durant ces près de 150 heures de débat, nous avons abordé chacun des points qui composent le projet du Gouvernement, mais aussi l’ensemble des propositions que chacun d’entre vous a formulées.
Au terme de notre débat, je tiens à remercier Madame la Présidente de votre Commission des Affaires Sociales, Muguette DINI, et à saluer la qualité du travail de votre Rapporteur, Dominique LECLERC. Je remercie également les présidents de chaque groupe pour leur investissement personnel. Je souhaite également vous remercier, Monsieur le Président FRIMAT, ainsi que le Président Gérard LARCHER, et l’ensemble des vice-présidents qui se sont succédé.
Le débat a été riche. Il a surtout été utile.
Le texte sur lequel vous allez vous prononcer contient des évolutions importantes. Sans remettre en cause l’équilibre du texte, ces avancées nous ont permis d’aller plus loin sur des sujets essentiels. Je pense bien sûr à la question de la retraite des mères de famille. Je pense aux travailleurs handicapés. Je pense aux personnes exposées à l’amiante. Je pense aux chômeurs de longue durée. Je pense aux parents d’enfants handicapés. Et je pense, enfin, au débat important que nous avons eu sur l’engagement d’une réflexion nationale sur une évolution systémique de nos régimes de retraite.
Comme cela avait été le cas à l’Assemblée Nationale, en particulier sur la question fondamentale de la pénibilité, le débat dans votre Haute Assemblée a été d’une grande qualité.
Une grande qualité parce qu’il s’agit de l’un des débats les plus longs de toute la Cinquième République.
Une grande qualité parce que 131 amendements ont été adoptés par votre Haute Assemblée, à l’initiative du Gouvernement, de la Commission des Affaires Sociales ou des Sénateurs.
Une grande qualité parce que l’opposition a eu plus que son mot à dire : plus du tiers des amendements adoptés par le Sénat proviennent précisément des rangs de l’opposition.
Au total, à l’issue de l’examen parlementaire, le projet du Gouvernement aura connu 18 évolutions significatives. Cela illustre, pour ceux qui en doutaient, à quel point le Gouvernement a toujours considéré qu’il avait un projet qui pouvait évoluer. A l’Assemblée Nationale, au Sénat, nous avons eu des échanges, nous avons eu des débats, et au final, nous avons eu des amendements, qui ont affiné les contours de cette réforme, pour en renforcer l’équité, l’efficacité, la justice.
Tout au long de ce débat, le Gouvernement avait cependant un objectif : que l’équilibre du texte soit préservé. Faire évoluer le texte oui, le dénaturer non.
Cet objectif, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, nous avons pu constater, avec Georges TRON, qu’il était aussi le vôtre. Vous avez vous-même eu à cœur de préserver les fondements de cette réforme, en particulier bien sûr, le relèvement de l’âge de départ à la retraite. C’est une nouvelle fois la marque de la sagesse de votre Haute Assemblée.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, comme dans toute réforme de société, il y a des inquiétudes qui s’expriment. Il est normal d’écouter les positions de chacun, et nous l’avons fait, jour et nuit dans cet hémicycle, sur chacun des articles de notre projet.
Mais vient un moment où il faut décider. L’esprit de responsabilité l’exige.
Pour garantir le financement de notre système de retraites, pour maintenir la solidarité entre les générations, nous devons accepter d’évoluer vers un nouvel âge de départ à la retraite à 62 ans.
Mesdames et Messieurs, ce moment est solennel parce qu’il est celui de la lucidité, de la responsabilité, du courage.
Ce n’est pas en regardant vers le passé que nous préserverons notre modèle social.
Ce n’est pas en nous accrochant aux symboles d’hier que nous demeurerons une grande Nation.
Ce n’est pas en ignorant la réalité de la France d’aujourd’hui que nous pourrons regarder nos enfants dans les yeux.
Les grandes dates de notre pacte social, ce ne sont pas seulement celles où l’on crée des droits nouveaux. Ce sont aussi celles où l’on se donne les moyens d’être capables de financer tous ces droits. 2010 sera, à ce titre, une date fondamentale pour notre protection sociale. Aujourd’hui, les vrais défenseurs de notre système social, ce sont ceux qui garantissent son avenir.
Certains sur vos bancs refusent une réforme qui est dans l’intérêt de tous les Français. Je le regrette. Mais je n’ai pas de doute sur un point. Un jour viendra où les adversaires d’hier seront reconnaissants au Président de la République, au Gouvernement et à la majorité parlementaire d’avoir eu le courage d’assumer entièrement leurs responsabilités. J’en veux pour preuve le fait que certains dans l’opposition soutiennent désormais l’allongement de la durée de cotisation initié par la réforme Fillon de 2003, après l’avoir combattu pendant des années. Le temps fera aussi son œuvre sur l’âge de la retraite, je n’en doute pas.
Je vous remercie.
Seul le prononcé fait foi.
[22/10/10]