Remise des diplômes ÉNA le 20 avril 2016 - 20/04/2016
* Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères et du Développement International,
Monsieur le Ministre de la gouvernance, de la fonction publique et de la lutte contre la corruption (Kamel Ayadi-Tunisie)
Monsieur le Vice-président du Conseil d'État,
Madame la Directrice de l'École Nationale d'Administration,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs les Élèves de la «promotion Georges Orwell»,
C’est un grand honneur pour moi d’être présente pour cette cérémonie de remise de diplôme aux élèves de la promotion Georges Orwell du cycle international long de l’ÉNA.
J’ai bien conscience que la remise de diplômes est un moment très particulier. Un moment qui vient couronner plusieurs années de travail, d’expériences denses et d’apprentissage au service de la République.
Mais au-delà de ces aspects strictement professionnels, c’est aussi un moment qui permet de prendre du recul, de se remémorer les rencontres que l’on a faites et de se réjouir des amitiés que l’on a tissées. J’aimerais rendre ici hommage à votre camarade mauritanien Ahmedou Ould Abd El Aziz, décédé brutalement en décembre dernier. Cette cérémonie me permet de lui rendre hommage et d’adresser à ses proches un message de soutien.
C’est aussi l’occasion pour vous de vous rappeler qui vous étiez en arrivant dans cette école et de faire le point sur ce qu’elle vous a apporté. À cette question, je ne doute pas que chacun apportera la réponse qui lui appartient, tout en espérant que vous garderez un excellent souvenir de ce passage en ce haut lieu de l’excellence républicaine.
Je profite également de cette cérémonie pour remercier chaleureusement la Directrice pour son engagement sans faille pour faire vivre cette École qui attire des élèves du monde entier. Preuve en est que nous nous rassemblons aujourd'hui pour honorer une promotion de 23 élèves de 20 nationalités différentes, toutes issues de 4 continents !
Le cycle international long contribue à donner toute sa place à l'ouverture internationale dans la formation des futurs hauts fonctionnaires.
Pendant 14 mois, vous vous êtes fondus dans l’administration française avec brio. Pendant 14 mois, vous avez exercés des fonctions variées au service des citoyens français.
Cette expérience constitue pour vous une double opportunité. Tout d’abord une opportunité individuelle : celle d’un d’apprentissage personnel des rouages complexes de notre administration et d’une méthode fondée sur des principes qui constituent la singularité de notre modèle de société.
Mais aussi une opportunité pour vos pays. J’espère que l’expertise que vous avez acquise au sein de l’ÉNA et des services dans lesquels vous avez travaillé vous seront utiles par la suite. Que cette expérience viendra alimenter vos réflexions futures et inspirer vos prises de décision en matière de service public.
Permettez-moi enfin de m’attarder sur le choix du nom de votre promotion. Ce choix a fait l’objet de vif débat dans la nuit du 16 au 17 janvier 2015 lors de votre séjour dans les Vosges au Ventron. C’était au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l’hypercacher de Vincennes. Face à ces événements qui ont endeuillé la France, vous avez fait le choix collégial de mettre à l’honneur et de célébrer cet homme qui s’est battu toute sa vie pour défendre la liberté.
Georges Orwell est un écrivain surtout connu pour ses écrits qui dénonçaient sans fard les totalitarismes du XXème siècle. Je pense notamment à 1984 ou à La ferme des animaux qui font aujourd’hui figures de classiques de la littérature engagée.
Mais l’oeuvre d’Orwell n’est pas réductible à sa stricte dimension antitotalitaire. Orwell était bien plus que ça. Toute sa vie, ce dernier n’a cessé de voyager, de se nourrir de ses rencontres sans jamais faire la moindre concession aux idéologies autoritaires de son temps. Il est aussi connu pour avoir théorisé le concept de « common decency », concept sur lequel j’aimerais m’attarder quelques instants. Vous qui allez plus tard exercer des responsabilités au service de l’intérêt général êtes particulièrement concernés. Ce qu’Orwell nommait la « common decency », c’est l’éthique d’exemplarité que vous devrez porter et incarnez dans vos futures fonctions. C’est à la fois l’irréprochabilité et la probité. Vous avez souhaité vous placer sous le patronage d’Orwell, je suis certaine que vous saurez être sesdignes héritiers.
Vous serez dans quelques instants des anciens élèves. A partir de là, vous ferez tous partie d’une vaste communauté d’hommes et de femmes qui ont tous le souci du service public et un sens aigu de l’État. Ce réseau doit être aussi une manière de partager une ambition et des valeurs pour soutenir l'action de l'État et de l'administration.
Grâce à cette formation, je ne doute pas que vous parviendrez à mener de grandes carrières et faire honneur à vos pays. Encore bravo et bon courage pour la suite.
Je vous remercie.
* Seul le prononcé fait foi