Les élèves des IRA mobilisés pendant la crise sanitaire

Depuis la mi-mars, les 5 instituts régionaux d'administration (IRA) poursuivent la formation des élèves attachés à distance. Pendant cette période, plusieurs élèves ont fait le choix de s’engager et d’aller renforcer les services de l’Etat mobilisés par la gestion de la crise Covid-19. Témoignages de Shuai (IRA de Lyon) et Sebastiaan (IRA de Bastia), tous deux volontaires pour aider les services de leur administration.
Shuai Dong, élève à l’IRA de Lyon
La future attachée aide notamment à l'accès à l'alimentation pour les publics vulnérables et pilote la plateforme « Réserve civique » pour le département du Rhône.
Une rentrée perturbée
Je suis élève attachée depuis le 2 mars à l'IRA de Lyon, autant dire que la rentrée a été très courte ! Mais avant la fermeture de l'institut suite aux annonces du Gouvernement, le directeur nous a fait part d'éventuelles demandes à venir de préfectures ayant besoin de renforts dans la région. J'ai alors fait acte de candidature auprès du directeur, qui a conclu une convention de mise à disposition des élèves, et très vite le cabinet de la préfecture du Rhône m'a trouvé un poste auprès de la DRDJSCS (Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale) Auvergne-Rhône-Alpes.
IRA, version e-formation
Bien sûr, je continue à suivre les enseignements à distance mis en place par l'IRA, qui organise des séquences régulières de web formation et met à disposition des cours en ligne.
En mission depuis le 20 mars
Je m'entends très bien avec l'équipe de la DRDJSCS, et en tant qu'élève en IRA et donc future cadre de l’État, c'est une expérience qui me servira. Il faut apprendre à s'adapter aux circonstances particulières, et à travailler dans l'urgence. Notre capacité d'adaptation, c'est aussi ce que l'on attend de nous.
Me porter volontaire, c'est pour moi avoir le sens du service public et des responsabilités, c'est travailler dans un nouvel environnement, être force de propositions et me former sur le terrain avec des missions très concrètes. C'est important pour ma carrière à venir dans la fonction publique.
Un renfort de haute importance
Je suis très contente de mon affectation, même si ce n'est pas une affectation à proprement parler, puisque je n'ai pas le statut de stagiaire. Je suis en renfort, notamment pour les missions de terrain concernant la politique de la jeunesse et des sports de la ville. Je suis aussi chargée de piloter, pour le département du Rhône, le projet de la plateforme « Réserve civique », lancée par le Gouvernement. Cela me demande beaucoup de coordination pour aider les structures qui ont besoin de renforts. Du travail de coordination, et aussi de modération liée à des questions juridiques et aux statuts de protection des bénévoles. Je participe également à une cellule de coordination départementale pour faciliter l'accès à l'alimentation pour les publics vulnérables.
Ces derniers jours, j'ai organisé une nouvelle cellule de coordination Etat-Collectivités-Associations dédiée spécialement au dispositif de la mobilisation citoyenne « Réserve civique » (plateforme JeVeuxAider). Cette cellule vise à associer les acteurs de terrain œuvrant tous les jours auprès des publics fragiles. L'objectif est de mieux coordonner nos efforts afin d'identifier les besoins de chacun et de mobiliser en conséquence les bénévoles inscrits sur la plateforme.
Sebastiaan van Ouwerkerk, élève à l’IRA de Bastia
Sebastiaan est volontaire à la préfecture de Haute-Corse depuis le 20 mars.
Plusieurs missions
Dans un premier temps, j'ai été affecté au bureau des élections, où la directrice des collectivités territoriales m’a confié les contentieux du premier tour des élections municipales, liés notamment à des erreurs matérielles sur les PV, ou des inégibilités dues à des incompatibilités de fonction, etc.
Ensuite, j'ai rejoint le bureau du contrôle de légalité, où les arrêtés municipaux liés au COVID19 (interdiction des chantiers de construction…) ont été étudiés.
Je suis désormais au Service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC), service en charge de la gestion de crise et du pilotage du centre opérationnel départemental (COD) auquel a été attachée une cellule d'information du public (CIP).
J’y travaille avec d’autres camarades de promotion, eux aussi volontaires. Nous répondons notamment aux demandes de dérogations nécessaires pour voyager par bateau entre le continent et la Corse (trajet Toulon-Bastia principalement). Nous travaillons aussi à la mise en place des centres d'hébergement spécialisés devant accueillir des patients atteints du Covid qui ne peuvent pas être confinés chez eux.
Les cours avant tout
Nous sommes 5 élèves de la promotion mis à disposition de la préfecture de Haute-Corse. Grâce à un planning mis à jour quotidiennement, nous alternons, ce qui nous permet de gérer assez bien les deux tableaux. Chaque jour, il y a au moins deux volontaires à la préfecture. Ce planning nous permet à la fois de suivre les cours et d’effectuer nos missions à la préfecture. Les cours se font notamment en visioconférence, et ce n'est que lorsque je n'ai pas cours que je peux me consacrer à mes autres missions.
Une expérience humaine
Après plusieurs années à l’université (doctorat de droit public), je découvre la vie en administration et j'ai l'impression d'avoir énormément appris en quelques semaines, notamment sur le fonctionnement des services, le savoir-être…
Être au contact de profils très différents, avec des ambitions diverses et variées, est vraiment enrichissant.
Jusque-là, je n’avais participé qu'à la vie administrative de mon université en tant qu'enseignant-chercheur, mais je n'y avais pas connu de gestion de crise. Toutefois, je suis fils d'agriculteurs et dans ce cadre, j'ai eu à prendre des décisions et à affronter des situations difficiles.
L'envie de servir
Cette expérience est une bonne opportunité de travailler en préfecture, et je souhaitais me rendre utile. De plus, je suis nouveau dans la région et je tiens à participer à la continuité de l'Etat dans ce territoire que je découvre. C'est pourquoi j'ai préféré m'investir ici, plutôt que de rentrer chez moi, sur le continent.
Cette expérience me permet aussi d'affiner ma réflexion. Quand j'ai commencé ma formation à l'IRA de Bastia, j'hésitais entre un début de carrière en préfecture ou en administration centrale. Maintenant, j'ai une idée plus précise de ce que je veux faire.
Par la suite, je pense qu'un poste de chargé de mission dans les ministères économiques et financiers, au ministère de l'Agriculture ou dans les ministères sociaux, me conviendrait bien.